samedi 13 août 2016

La Perle et La Coquille, de Nadia Hashimi


Titre : La Perle et La Coquille
Auteur : Nadia Hashimi

Genre : Contemporain
Maison d'édition : Milady
Date de sortie : 19.05.2015 (poche en 2016)
Nombre de pages : 567
Prix : 7€90


"Un livre poétique sur la condition difficile des femmes en Afghanistan, hier et aujourd'hui, porté par des personnages féminins forts."




Nous suivons dans ce livre Rahima, une jeune fille d’une dizaine d’années, qui grandit dans l’Afghanistan occupé par les talibans, dans les années 2000. Alors que son père se drogue et qu’elle est entourée de ses quatre soeurs et aucun frère, un problème se pose. Comment cette famille peut elle subvenir à ses besoin sans figure masculine, dans une société où les femmes n’ont pas le droit de sortir seules dans la rue et où les filles sont déscolarisées car leur éducation est jugée inutile par le régime ?

C’est Khala (tante) Shaima, la soeur infirme de la mère de Rahima, qui va apporter une solution : Rahima deviendra, grâce à la tradition des bacha posh, qui permet aux jeunes filles sans frères de se travestir, Rahim, son alter ego masculin.
En parallèle, Khala-Shaima va également apporter l’autre histoire que l’on suit, celle de Shekiba, l’arrière-arrière-grand-mère de Rahima, qui elle aussi avait dû se travestir pour survivre, de nombreuses années plus tôt. Rahima va donner une importance énorme à la vie de cette aïeule, qu’elle considère comme un modèle dans sa vie quotidienne.

Pour Rahima, sa transformation est une véritable source de liberté, lui donnant accès à une vie dont elle a toujours rêvé.

“ -   On changera ta garde robe et on te donnera un nouveau prénom. Tu pourras aller à l’épicerie chaque fois que qu’on aura besoin de quelque chose. Tu pourras aller à l’école sans avoir peur d’être embêtée par les garçons. Tu pourras jouer à des jeux. Qu’est-ce que tu en dis ?
C’était le paradis, voilà ce que j’en disais ! Je songeai alors aux fils des voisins. Jameel. Faheem. Bashir. J’écarquillai les yeux à l’idée de pouvoir frapper dans un ballon avec eux en pleine rue.
Madar-jan, elle, ne pensait pas aux garçons de la rue. Elle pensait à notre garde manger-vide.”


Mais le retour à la vie de femme et à ses obligations lorsque son père mets fin au déguisement quelques années plus tard, et l’offre en mariage à un riche seigneur de guerre en échange d’opium, est d’autant plus difficile.

Ce livre est bercé par ses personnages féminins, de Rahima et Shekiba au docteur Brown et à mademoiselle Franklin qui essaye d’instruire les femmes nommées au gouvernement, véritables pantins de leurs maris (les seigneurs de guerre représentent au moins un tiers du parlement dorénavant), en passant Parwin, la soeur de Rahima, et son tragique destin, et sa tante Khala-Shaima qui est la seule à se révolter dans cette famille, où Raisa (Madar-jan, la mère), est sous le joug de son mari, qui continue de lui en vouloir pour n’avoir pas su lui donner un fils.

Donner un fils à son mari est en effet une question qui revient en continu dans le livre, présenté comme l’objectif de la vie de femme, nécessaire afin de s’accorder les bonnes faveurs de son mari, et éviter ses coups, comme le montre ce dialogue entre les parents de Rahima :

“     -     Nous avions besoin d’un fils dans la maison, Khala-jan.
- Hum, si tu avais pu en avoir un vrai, comme les autres, les choses auraient été plus simples.
Madar-jan rongea son frein pour la millième fois.
Padar-jan sembla à peine remarquer le changement.”


Ce livre est un réel travail sur la condition des femmes dans la culture Afghane, d’hier et d’aujourd’hui, à travers les aventures de ces deux femmes. Le livre est enrichissant et l’écriture très belle, ce qui l’a conduit à remporter le prix des lectrices 2016 à l’occasion de sa sortie en poche. En revanche, je m’attendais à ce que le régime taliban occupe une plus grande place dans l’histoire, et même si certains passages ne laissent pas de doutes sur sa manipulation du pays, je reste un peu sur ma faim de ce côté.

Ma Note : 16/20




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