jeudi 18 août 2016

Serpentine, de Mélanie Fazi


Titre : Serpentine
Auteur : Mélanie Fazi

Genre : Nouvelles Fantastique
Maison d'édition : L'Oxymore / Bragelonne / Folio SF
Date de sortie : 2004
Nombre de pages : 273
Prix : 8€20 (poche)


"Une très belle rencontre avec une plume magnifique et des ambiances sombres et poétiques, envoûtantes."



Pourtant pas grande adepte des nouvelles, j’ai décidé de tenter l’aventure avec le recueil Serpentine, de Mélanie Fazi, son premier publié. Je voulais découvrir depuis quelques temps cette auteur, qui est également la traductrice de Brandon Sanderson (auteur chouchou), et ce sont les bons conseils d’un ami qui m’ont poussé à le faire.

Un salon de tatouage aux encres particulières, une forêt mystérieuse, une aire d’autoroute pour des voyageurs très particuliers, les rames du métro parisien, une salle de concert, une vieille maison de vacances ou encore une ville fantôme de l’ouest américain, autant de décors pour les nouvelles fantastiques de ce recueil sombre et poétique.

L’écriture de l’auteur est très agréable à lire, fluide mais très maîtrisée, Mélanie Fazi arrive à manier les mots pour créer dans chacune de ses nouvelles une atmosphère envoûtante et pourtant toujours renouvelée d’une nouvelle manière, en accord avec le nouveau décors. Les chutes sont toujours bien amenée et parfaites, souvent surprenantes.

Les récits abordent pour beaucoup des thèmes classiquement effrayants : les pulsions sexuelles, la perte d’une personne, les accidents de la route, les agressions, la folie, la peur du feu, des esprits, … mais l’auteur arrive malgré tout à nous faire complètement adhérer avec ses nouvelles, ce qui m’a beaucoup surprise (en bien!) tout au long de ma lecture.

Mes préférées restent Serpentine, Nous reprendre à la Route, Matilda et Petit Théâtre de Rame, mais je pense garder un souvenir assez fort de Rêves de Cendre qui est allé jusqu’à me donner des hauts le coeur, traitant pour le coup de sujets qui me tiennent particulièrement à coeur. Cette nouvelle m’a réellement fait peur, mais pour autant j’en garde un souvenir très envoûtant avec une montée en puissance magnifique.

Mon avis est donc très très positif, avec quelques petits coups de coeurs sur certaines nouvelles même si d’autres m’ont forcément un peu moins plues, il en faut pour tous les goûts !

Mélanie Fazi est le genre de jeune auteur qui donne envie de se lancer dans l’aventure de l’écriture, et tous les amateurs de nouvelles fantastiques trouveront leur compte dans l’ambiance particulière de Serpentine. J’ai pour ma part déjà hâte de me replonger dans son écriture, à travers d’autres nouvelles ou bien un roman.

Ma note : 18/20



Note : J’ai pour ma part découvert Serpentine dans sa première édition de 2003 aux Editions de l’Oxymore, mais elle n’est plus disponible neuve. Elle a été réédité chez Bragelonne en grand Format, puis chez Folio SF. J’aime pour ma part énormément la couverture de l’Oxymore et son format intermédiaire très pratique, je vous conseille donc de chercher sur Internet !

Les Vies de Papier, de Rabih Alameddine


Titre : Les Vies de Papier
Auteur : Rabih Alameddine

Genre : Contemporain
Maison d'édition : Les Escales
Date de sortie : 25 août 2016
Nombre de pages : 304
Prix : 20€90


"Un personnage principal original et attachant, nostalgique à l'humour certain, mais des souvenirs un peu trop emmêlés."



J’ai pu découvrir ce livre dans sa version numérique via le site NetGalley, que je remercie donc ainsi que les éditions les Escales pour ce partenariat en vue de la rentrée littéraire.

On retrouve Aaliya, 72 ans, ancienne libraire, grande amoureuse de la littérature et traductrice à ses heures perdues, dans son appartement de Beyrouth où elle vit coupée du monde, plongée dans ses livres et ses petites habitudes.

Mariée à 16 ans avec un homme dont les descriptions ne vous laisserons pas de marbre, un “moustique amorphe, à l’appendice défaillant”, “insecte impotent / impuissant” et qui ne lui a donc jamais donné d’enfant pour finalement divorcer quelques années plus tard, coupée de la religion dans un Liban où elle occupe une place phare, cette femme a décidé de vivre sa vie pour elle, peu importe ce qu’en penseront les autres.

Ce livre à la construction un peu particulière, pas de chapitres, qu’un enchaînement de souvenirs sur plusieurs époques, avec des transitions au fil des pensées de la narratrice, donc pas toujours évidentes à suivre, va donc nous montrer la vie de ce personnage un peu excentrique mais attachant. Il est ponctué de nombreuses citations de la littérature, dont les références, sur la volonté de l’auteur, ne sont pas toujours données, afin de donner comme un jeu de piste, de pousser le lecteur à la recherche.

J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire au début, perdue entre toutes les époques et les différentes amorces finalement pas toujours exploitées par l’auteur. Aaliya, au début du roman, se teint par erreur les cheveux en bleu, pour que cela reste finalement très anecdotique au vu du temps passé seule chez elle, à fuir les miroirs qu’elle laisse volontairement s’encrasser pour ne plus se voir.

L’auteur a su en revanche nous dresser un beau portrait des différentes femmes libanaises, en grande supériorité numérique dans le livre par rapport aux personnages masculins limités et souvent éphémères. Les trois voisines, commères hors pair, la petite nièce étrange mais attachante, l’amie Hannah, touchante et qu’on aurait aimé connaître davantage, et la mère d’Aaliya, un peu mégère, viennent s’ajouter au roman.

J’ai beaucoup aimé le dernier tiers du roman, qui a beaucoup remonté mon avis sur le livre, avec le retour de la mère, dont le demi-frère d’Aaliya essaye de se débarrasser, l’arrivée de la nièce, et de manière générale l’entrée de personnages (encore vivants!) dans le récit au présent.

L’ambiance du livre reste majoritairement mélancolique, avec les souvenirs d’une vie passée, où il ne reste plus beaucoup à faire, et seuls les souvenirs du mari et certaines analyses de la littérature viennent redonner le sourire en attendant la dernière partie.

Notons tout de même cette vision du mari, particulièrement coriace :
“ Mon ex-mari avait la première qualité de l’époque de Stendhal, telle que le comte Mosca l’explique à l’exquise duchesse dans La Chartreuse de Parme : “La première qualité chez un jeune homme d’aujourd’hui [...] c’est de n’être pas susceptible d’enthousiasme et de n’avoir pas d’esprit.”
Le portrait tout craché de ce crétin que j’ai épousé, bénie soit son âme rance. Dans ce cas, vous pouvez également ajouter le manque implicite de sens de l’humour et de l’honneur; oh, et l’incapacité de gagner un revenu, l’art de se satisfaire de son analphabétisme manifeste et d’être un pleutre congénital.”
Pas mal non ?

Le Liban décrit par l’auteur est intéressant, mais surtout présent à travers les histoires de guerre et les coupures de courant, et j’aurais aimé en voir un peu plus.

Le style est travaillé et agréable à lire, même si la lecture aurait été rendue plus simple (pour ma part) avec des parties plus distinctes, un tri un peu plus cohérent des souvenirs.

Un personnage principal original et nostalgique, aux souvenirs un peu mélangés, mais qui livre un récit touchant, porté par une belle écriture et des touches d’humour un peu grinçant.
Si ce livre m’a fait passer un bon moment de lecture, je pense qu’il est à réserver à un certain public, proche de la narratrice, donc amateur de littérature plutôt classique - qui peut paraître élitiste - pour les références, et éventuellement avec un ex-mari contre qui vous avez une dent !

Ma note : 14/20



samedi 13 août 2016

La Perle et La Coquille, de Nadia Hashimi


Titre : La Perle et La Coquille
Auteur : Nadia Hashimi

Genre : Contemporain
Maison d'édition : Milady
Date de sortie : 19.05.2015 (poche en 2016)
Nombre de pages : 567
Prix : 7€90


"Un livre poétique sur la condition difficile des femmes en Afghanistan, hier et aujourd'hui, porté par des personnages féminins forts."




Nous suivons dans ce livre Rahima, une jeune fille d’une dizaine d’années, qui grandit dans l’Afghanistan occupé par les talibans, dans les années 2000. Alors que son père se drogue et qu’elle est entourée de ses quatre soeurs et aucun frère, un problème se pose. Comment cette famille peut elle subvenir à ses besoin sans figure masculine, dans une société où les femmes n’ont pas le droit de sortir seules dans la rue et où les filles sont déscolarisées car leur éducation est jugée inutile par le régime ?

C’est Khala (tante) Shaima, la soeur infirme de la mère de Rahima, qui va apporter une solution : Rahima deviendra, grâce à la tradition des bacha posh, qui permet aux jeunes filles sans frères de se travestir, Rahim, son alter ego masculin.
En parallèle, Khala-Shaima va également apporter l’autre histoire que l’on suit, celle de Shekiba, l’arrière-arrière-grand-mère de Rahima, qui elle aussi avait dû se travestir pour survivre, de nombreuses années plus tôt. Rahima va donner une importance énorme à la vie de cette aïeule, qu’elle considère comme un modèle dans sa vie quotidienne.

Pour Rahima, sa transformation est une véritable source de liberté, lui donnant accès à une vie dont elle a toujours rêvé.

“ -   On changera ta garde robe et on te donnera un nouveau prénom. Tu pourras aller à l’épicerie chaque fois que qu’on aura besoin de quelque chose. Tu pourras aller à l’école sans avoir peur d’être embêtée par les garçons. Tu pourras jouer à des jeux. Qu’est-ce que tu en dis ?
C’était le paradis, voilà ce que j’en disais ! Je songeai alors aux fils des voisins. Jameel. Faheem. Bashir. J’écarquillai les yeux à l’idée de pouvoir frapper dans un ballon avec eux en pleine rue.
Madar-jan, elle, ne pensait pas aux garçons de la rue. Elle pensait à notre garde manger-vide.”


Mais le retour à la vie de femme et à ses obligations lorsque son père mets fin au déguisement quelques années plus tard, et l’offre en mariage à un riche seigneur de guerre en échange d’opium, est d’autant plus difficile.

Ce livre est bercé par ses personnages féminins, de Rahima et Shekiba au docteur Brown et à mademoiselle Franklin qui essaye d’instruire les femmes nommées au gouvernement, véritables pantins de leurs maris (les seigneurs de guerre représentent au moins un tiers du parlement dorénavant), en passant Parwin, la soeur de Rahima, et son tragique destin, et sa tante Khala-Shaima qui est la seule à se révolter dans cette famille, où Raisa (Madar-jan, la mère), est sous le joug de son mari, qui continue de lui en vouloir pour n’avoir pas su lui donner un fils.

Donner un fils à son mari est en effet une question qui revient en continu dans le livre, présenté comme l’objectif de la vie de femme, nécessaire afin de s’accorder les bonnes faveurs de son mari, et éviter ses coups, comme le montre ce dialogue entre les parents de Rahima :

“     -     Nous avions besoin d’un fils dans la maison, Khala-jan.
- Hum, si tu avais pu en avoir un vrai, comme les autres, les choses auraient été plus simples.
Madar-jan rongea son frein pour la millième fois.
Padar-jan sembla à peine remarquer le changement.”


Ce livre est un réel travail sur la condition des femmes dans la culture Afghane, d’hier et d’aujourd’hui, à travers les aventures de ces deux femmes. Le livre est enrichissant et l’écriture très belle, ce qui l’a conduit à remporter le prix des lectrices 2016 à l’occasion de sa sortie en poche. En revanche, je m’attendais à ce que le régime taliban occupe une plus grande place dans l’histoire, et même si certains passages ne laissent pas de doutes sur sa manipulation du pays, je reste un peu sur ma faim de ce côté.

Ma Note : 16/20




jeudi 4 août 2016

Bilan du mois de Juillet 2016

Bonjour à tous et à toutes !

Je reviens aujourd'hui avec le traditionnel bilan mensuel, pour le mois de juillet. Etant donné que j'étais en vacances tout du long et sans trop d'obligations, j'ai pu me donner à coeur joie dans la lecture, pour mon plus grand plaisir ! 
J'en ai également profité pour participer à deux challenges de lecture consécutifs, sur les deux dernières semaines, le BookTube-A-Thon (anglophone) et le French-Read-A-Thon.

Au final, ce sont 28 livres que j'ai lu, pour un total de 9046 pages, ce qui fait de juillet 2016 un des plus gros mois de lectures de toute ma petite vie !

Je vous liste donc ici toutes mes lectures, organisées par notes attribuées.

Je vous mets également les liens vers mes chroniques écrites lorsqu'il y en a.


Lectures notées 2,5/5 : Lectures assez mitigées.
  • Infinity Blade, de Brandon Sanderson. Panini Books Gamers. 386 pages.
  • La Fille du Train, de Paula Hawkins. Sonatine. 374 pages.

Lectures notées 3/5 : Lectures qui m'ont plutôt plues
  • The Book of Ivy, d'Amy Engel. Lumen. 342 pages.

Lectures notées 3,5/5 : Bonnes lectures
  • Sweet Sixteen, d'Annelise Heurtier. Casterman. 214 pages. ICI
  • The Revolution of Ivy, d'Amy Engel. Lumen. 322 pages.
  • Les 100, le Retour, de Kass Morgan. Robert Lafon Collection R. 346 pages.
  • Mort en Eté (Quirke, tome 4), de Benjamin Black. 10-18. 355 pages.
  • Les Robots, tome 2, d'Isaac Asimov. J'ai Lu. 247 pages.
  • Le Contrat, tome 2, de Tara Jones. Hugo Roman. 206 pages.
  • La Reine des Neiges et autres contes, d'Andersen. 251 pages.

Lectures notées 4/5 : Très bonnes lectures
  • Un Alien nommé docteur Crabe, d'Amanda Castello. Editions Quatrième Dimension. 94 pages. ICI
  • La Voie des Oracles, d'Estelle Faye. Scrinéo. 337 pages. ICI
  • Les Cerfs-Volants de Kaboul, de Khaled Hosseini. 10-18. 406 pages. ICI
  • Maybe Not, de Colleen Hoover. Hugo Roman. 146 pages.
  • Moi, Malala, de Malala Yousafzai. Le Livre de Poche Jeunesse. 268 pages.
  • Nous sommes tous des Féministes, de Chimamanda Ngozi Adichie. Folio 2€. 87 pages.
  • Lavina, de Mary Marcus. France Loisirs. 487 pages. ICI
  • Orgueil et Préjugés, de Jane Austen. 10-18. 369 pages.
  • Les Etoiles de Noss Head, de Sophie Jomain. Rebelle, France Loisirs et J'ai Lu. 489 pages.
  • Le Contrat, tome 1, de Tara Jones. Hugo Roman. 207 pages.
  • L'Invention des Ailes, de Sue Monk Kidd. 10-18. 532 pages.
  • Des Mensonges dans nos Têtes, de Robin Talley. Mosaïc Jeunesse. 369 pages.

  • Tout ce que nous aurions pu être toi et moi si nous n'étions pas toi et moi, d'Albert Espinosa. Le Livre de Poche. 212 pages.

Lectures notées 4,5/5 : Très très bonnes lectures
  • Tous nos Jours parfaits, de Jennifer Niven. Gallimard Jeunesse. 371 pages. ICI
  • La Bibliothèque des âmes (Miss Peregrine et les Enfants Particuliers tome 3), de Ransom Riggs. Bayard Jeunesse. 582 pages.

Lectures notées 5/5 : Petit Coup de Coeur 
  • Quelqu'un qu'on aime, de Séverine Vidal. Sarbacane, collection X'. 205 pages.
  • The Air he Breathes, de Brittany C. Cherry. Hugo Roman. 422 pages. ICI
  • A un Fil, de Rainbow Rowell. Milady. 416 pages.

C'est donc un très gros bilan, globalement très positif ! Pas de très gros coup de coeur en revanche, mais 3 petits sur trois livres contemporains que j'ai beaucoup aimés et qui ont su me toucher.

Je remercie les maisons d'éditions Hugo Roman pour l'envoi de The Air he Breathes !


Et vous, qu'avez-vous lu ?