mardi 5 juillet 2016

Là où tombent les Anges, Charlotte Bousquet

Titre : Là où tombent les Anges
Auteur : Charlotte Bousquet

Genre : Historique YA
Maison d'édition : Gulf Stream
Collection : Electrogène
Date de sortie : 3 septembre 2015
Nombre de pages : 392
Prix : 17€


"Un superbe livre historique, un récit poignant et fort sur la première guerre mondiale à travers la vie des femmes mais également le point de vue de soldats dans les tranchées."


Là où tombent les Anges est paru chez Gulf Stream dans la collection électrogène. C’est un roman qui me faisait envie depuis longtemps par tous les avis excellents que j’avais pu voir dessus. J’ai voulu m’y plonger sans trop en savoir pour pleinement apprécier ma découverte de l’histoire et de son auteur.

Le récit se passe essentiellement à Paris, entre 1912 et 1920. Nous y retrouvons Solange, une jeune femme de 17 ans dans les premières pages, qui décide de fuir sa campagne natale et son père qui la bat pour vivre sa vie rêvée à Paris, où son amie Lili est déjà partie.
Elle découvre alors le Paris de la fin des années folles et commence à travailler dans un grand magasin, où elle fait la rencontre de Clémence.

Peu à peu, chacune commence à construire sa vie : Lili part faire carrière en Amérique, Clémence tombe amoureuse de Pierre, et Solange se marie avec Robert Maximilien, bon parti mais dont elle n’est pas amoureuse et ne le sera jamais. Elle part alors vivre avec ce dernier chez sa tante Emma, une vieille femme aigrie. Entre celle-ci et Robert qui devient peu à peu de plus en violent et jaloux, Solange n’est pas heureuse.
Lorsque la première guerre mondiale éclate, et que les hommes sont mobilisés, elle y voit un soulagement et l’occasion de s’affranchir de son mari.

Le récit alterne entre un point de vue qui suit Solange, ce qu’elle consigne dans son journal, et de très nombreuses lettres, entre Solange et ses amies, mais également celles du front, avec les lettres de Marthe, qui s’est engagée comme infirmière, Lili lorsqu’elle décide de chanter pour les soldats, Robert qui ne s’en sert que pour demander des approvisionnements, mais surtout les magnifiques échanges entre Pierre et Clémence.

Pierre est un personnage que l’on ne connaît qu’à travers ses lettres mais c’est un personnage pour moi phare de ce roman, réel lien entre les femmes et les horreurs de la guerre. Ses lettres sont dotées d’une très belle plume mais décrivent les violences et difficultés du front avec une très grande précision, donnant un aspect réaliste impressionnant à ce roman.

“Parfois, je me sens comme un cadavre en sursis, et je suis tout étonné d’avoir survécu à une sortie où à une simple journée.
C’est pour ça, ma Clémence, que tes lettres et tes colis sont si importants : grâce à eux, je me rappelle qui je suis. Grâce à eux, je me rappelle notre vie, notre monde. Et tu ne peux pas savoir combien c’est important. Ça donne un sens à tout, même à ce qui n’en a pas. Comme à l’exécution du malheureux Constant, hier à l’aube. Constant n’avait pas vingt ans et il a été fusillé. Pourquoi ? Parce qu’il a craqué, parce qu’il n’en pouvait plus de tuer, parce qu’il se pissait dessus chaque fois que l’ordre était donné de monter à l’assaut, parce qu’il a voulu fuir un cauchemar éveillé.”

Ce travail historique est absolument remarquable, et renforcé par les extraits de presse d’époque, les faits réels et même le rôle de certains personnages historiques réels dans le récit.

Ce livre m’a captivée dès les premières pages, et j’ai eu beaucoup de mal à le lâcher. J’ai trouvé cela magnifique et très réussi de nous faire autant vivre l’histoire, et exactement comme Solange, on se retrouve malgré nous à espérer que Robert ne revienne jamais de la guerre, sans oser le formuler par égard pour toutes celles qui espèrent revoir leurs fils ou maris, et tout spécialement pour Pierre et Clémence.

Les personnages sont très soignés mais on retrouve presque chez tous un penchant pour le rêve malgré les horreurs de l’époque. Lili rêve de gloire et de reconnaissance, Solange rêve de liberté, autant d’expression que dans les gestes, Clémence et Pierre rêvent de vivre leur amour. J’ai également beaucoup apprécié le personnage de la tante Emma et tout ce qu’il a à nous dévoiler.

Ce récit superbe est profondément féministe. On y suit les histoires de jeunes femmes fortes, déterminées et travailleuses, dont la vie va se retrouver complètement bouleversée par la guerre. Solange n’est finalement pas la plus concernée car les revenus de son mari lui permettent de continuer à ne pas travailler, mais les conditions de travail difficiles et l’angoisse des autres personnages est palpable. Elle s'engage autrement, et se mets à écrire des articles pour les journaux, qui finiront refusés car trop "pessimistes", réalistes.

L’écriture de Charlotte Bousquet est superbe et très en phase avec son récit. Le style est très écrit et soigné, un peu à la manière des romans de l’époque, mais en même temps accessible, et destiné au plus grand nombre.

C’est pour moi un roman magnifique et une énorme réussite sur le plan historique de la part de l’auteur. Je ne peux que vous recommander ce roman prenant et qui change de l’ordinaire. J’ai déjà hâte de pouvoir me replonger dans les écrits de Charlotte Bousquet, que je suis ravie d’avoir pu découvrir.

☆ Ma note : 20/20



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